"Ô Main de la Gloire verse ta lumière; Conduis-nous vers notre butin ce soir",
"Projette ta lumière, Ô main de squelette, Et guide les pieds de notre troupe fidèle !".

La Main de la Gloire est un ancien objet de magie noire, une sorte de chandelier macabre particulièrement prisé des scélérats qui confessaient parfois sous la torture s’être servis du sinistre instrument pour stupéfier ceux à qui ils l’avaient présenté, de telle sorte que leurs victimes en étaient restées comme immobilisées, pétrifiées, comme mortes. L'on dit aussi qu'elle possède la capacité, une fois allumée, d'endormir les individus à proximité et d'en rendre le possesseur invisible. La main de gloire est la main séchée et décapée d'un homme pendu , souvent désignée comme étant la main gauche ( latine : sinister ) ou, si l'homme a été pendu pour meurtre, la main qui "a fait l'acte". De vieilles croyances européennes attribuent de grands pouvoirs à une Main de gloire combinée à une bougie faite de graisse du corps du même malfaiteur qui est mort sur le gibet. La bougie ainsi fabriquée, allumée et placée (comme dans un chandelier) dans la main de la gloire aurait rendu immobiles toutes les personnes à qui elle était présentée. Le processus de préparation de la main et de la bougie est décrit dans des documents du XVIIIe siècle, certaines étapes étant contestées en raison de la difficulté à traduire correctement les phrases de cette époque. Le concept a inspiré des nouvelles et des poèmes du 19ème siècle.

Fabrication de la Main de la Gloire.

De la Main de la Gloire, qui est utilisée par les cambrioleurs pour rentrer dans les maisons la nuit, sans craindre d’opposition.

Le nom Main de la Gloire viendrait de la Mandragore, une plante aux vertus » magiques » qui était réputée pousser au pied des gibets, la semence des pendus faisant office de graine, et crier si effroyablement lorsqu'elle était arrachée de terre qu’elle pouvait rendre fous ceux qui s’y essayaient. Selon le Petit Albert, un ancien grimoire de magie prétendument inspiré des écrits d’Albert le Grand, pour fabriquer une Main de la Gloire, la recette était relativement simple. Il fallait se procurer la main d’un pendu au bord d’un chemin, de préférence la main gauche ou, s’il avait été condamné pour assassinat, celle qui avait servi à commettre le crime, puis l’envelopper dans un morceau de drap mortuaire et bien la presser afin d’en faire sortir le peu de sang qui pouvait y être resté. La main devait ensuite être conservée pendant quinze jours dans un pot de terre cuite avec du zimat, du salpêtre, du sel et du poivre long, le tout pulvérisé. Après l’avoir sortie du récipient, il convenait de l’exposer au grand soleil de la canicule pour qu’elle se dessèche et si la chaleur du soleil ne suffisait pas, alors il était possible de la faire cuire dans un four chauffé avec de la fougère et de la verveine.

Ceci étant fait, il fallait fabriquer une espèce de chandelle avec de la graisse de pendu (certains conseillaient de confectionner la mèche avec ses cheveux), de la cire vierge et du sésame de Laponie puis il suffisait poser la bougie ainsi préparée sur la main desséchée, cette dernière faisant alors office de chandelier, et la Main de la Gloire était prête. Quand la bougie était allumée, alors partout où le funeste instrument était amené les gens se figeaient et demeuraient immobiles, laissant ainsi le champ libre aux brigands qui pouvaient, grâce à ses pouvoirs maléfiques, déverrouiller les portes et ouvrir les cadenas des coffres sans effort. Une autre recette proposait de badigeonner le bout de chacun des doigts avec un certain onguent puis de les enflammer, créant ainsi cinq chandelles. Si l’un des doigts se révélait impossible à allumer ou si une flamme venait à s’éteindre, alors le voleur pouvait être assuré que quelqu’un avait résisté au sortilège et il risquait d’être démasqué. Selon certaines rumeurs, la Main de la Gloire pouvait également indiquer l’emplacement des choses cachées et révéler ainsi les trésors les plus habilement dissimulés.

Pour se protéger de ses prodiges, il existait néanmoins un remède, qui était presque aussi terrible que le mal. La Main de la Gloire perdait ses pouvoirs si le seuil de la maison, les fenêtres et tous les autres endroits par lesquels pouvaient entrer les voleurs, avaient été frottés avec un onguent composé de fiel de chat noir, de graisse de poule blanche et de sang de chouette, lequel devait avoir été préparé par grosse chaleur. Si, par malchance, la Main de la Gloire se trouvait déjà à l’intérieur, alors il était encore possible de briser le sortilège en éteignant sa chandelle avec du lait, tous les autres liquides se révélant inefficaces ou pire encore, alimentant sa flamme.

Le Dictionnaire Infernal de Collin de Plancy (ed. 1826) décrit lui aussi toutes les indications nécessaires pour 'fabriquer une Main de Gloire'..

Les origines de la Main de la Gloire restent un mystère mais en l’an 400 av. J-C. Hérodote racontait déjà l’histoire d’un voleur fort habile qui avait laissé derrière lui la main d’un mort afin d’éviter sa capture et Henry Boguet, le célèbre démonologue, y faisait allusion en 1590 dans son ouvrage Discours Exécrables des Sorciers. Particulièrement prisée au XVIIIe siècle, la Main de la Gloire connut un grand succès dans toute l’Europe, particulièrement en France et en Angleterre, et de nombreuses légendes rapportent les aventures, souvent malheureuses, de brigands qui tentent de s’en servir pour commettre leurs méfaits et se font attraper. Dans certaines histoires, le doigt d’un voleur suffit à produire les mêmes merveilles, et en Allemagne les doigts d’un enfant non-né sont utilisés.

Pour fabriquer cette version allemande de la Main de la Gloire, qui était alors appelée Les Lumières des Voleurs, la tâche n’était pas simple. Quand une voleuse ou une meurtrière se suicidait, était pendue ou décapitée et qu’elle portait un enfant, alors l’intéressé devait s’avancer sur les routes du Diable et se servant d’une hache ou d’un couteau ayant été utilisé par un bourreau, il lui fallait ouvrir le ventre de la pauvre femme, prendre l’enfant, couper ses doigts, et les emporter. La sinistre besogne devait être accomplie à minuit, dans la solitude et le silence le plus parfait. Pas même le plus faible des sons, pas de Oh, et pas un soupir ne devait s’échapper des lèvres de l’intéressé. Ainsi obtenait-il les lumières, qu’il pouvait faire brûler autant de fois qu’il le voulait et qui gardaient toujours la même longueur. Ces lumières magiques possédaient la propriété de s’enflammer à volonté quand leur propriétaire le souhaitait, et de s’éteindre tout aussi vite juste par la pensée. Avec leur aide, le voleur pouvait tout voir, même dans la nuit la plus dense et la plus sombre, partout et quand il le voulait. Cependant, ces flammes ne brûlaient que pour lui et pour personne d’autre. Elles le rendaient invisible même si elles illuminaient toutes choses autour d’elles et dans toutes les pièces où elles étaient amenées elles plongeaient les dormeurs dans un si profond sommeil que dix fois la foudre auraient pu frapper sur leurs têtes sans les réveiller.

Au début du XXe siècle, un tailleur de pierre et historien local, Joseph Ford, découvrit une main momifiée dissimulée dans le mur d’une chaumière de Castleton, dans le Yorkshire, et il la reconnut aussitôt comme une Main de la Gloire, celle dont parlaient de nombreux contes de la région. En 1935 il en fit don au musée Whitby, en Angleterre, où elle est toujours conservée. Elle est la seule Main de la Gloire authentique connue à ce jour.

Dans la vitrine où elle est exposée, se trouve également la copie d’un ancien texte écrit à la main qui a été publié dans un livre de 1823 et qui propose sa propre recette pour fabriquer une Main de la Gloire. Selon ce manuscrit, la main doit être coupée du corps d’un criminel sur le gibet, puis marinée dans du sel, de l’urine d’homme, de femme, de chien, de cheval et de jument. Le tout doit être fumé avec des herbes et du foin pendant un mois, puis la main doit être accrochée à un chêne pendant trois nuits de suite, puis à un carrefour, puis à la porte de l’église pendant toute une nuit alors que l'opérateur monte la garde sous le porche et si la peur ne le chasse pas, alors la main sera vraiment gagnée, et elle sera sienne.

Celle du Surnatéum fut acquise à Londres, dans les années 20. Le nom de Main de Gloire dériverait du mot " Mandaglore ", lui-même tiré de la Mandragore, cette racine magique fort prisée par les occultistes des siècles précédents. Le modèle du Surnatéum comporte cinq chandelles, une pour chaque doigt. La tradition veut que dans ce cas, si la chandelle du pouce ne s'allume pas, c'est que l'une des personnes visées par le sort de fascination ne se laissera pas atteindre et fera capturer le voleur. Dans ce cas, le cambrioleur évite prudemment la maison. Pour contrer le sort d'une Main de Gloire, la légende veut que l'on jette du lait pour éteindre les chandelles.